Journée internationale de l’égalité de rémunération 2024 / La rémunération du future : des solutions pour combler l’écart de rémunération entre les hommes et les femmes

11 Feb 2025

Pour célébrer la Journée internationale de l’égalité de rémunération, la Coalition internationale pour l’égalité salariale (EPIC) a organisé le 18 septembre 2024 une manifestation de haut niveau à ONU-Femmes à New York (New York). Cette manifestation a porté sur les progrès réalisés et, surtout, sur ce qu’il reste à accomplir pour parvenir à l’égalité de rémunération pour un travail de valeur égale. Des orateurs représentant des organisations internationales, l’industrie du sport, les gouvernements et les organisations d’employeurs et de travailleurs ont adopté différentes politiques, initiatives et techniques pour amorcer la transition dans leurs secteurs.

Cette manifestation a commencé par la projection d’un document vidéo mettant en évidence l’importance des disparités salariales entre femmes et hommes – en montrant comment un écart de 20 centimes fait toute une différence dans la vie des femmes au fil des jours, des semaines et des années. L’EPIC était également présentée dans la vidéo, ainsi que le rôle de toutes les parties prenantes dans la promotion de l’égalité de rémunération pour un travail de valeur égale.

Sarah Hendriks, la directrice de la Division des politiques, des programmes et de l’appui intergouvernemental d’ONU-Femmes, a présenté ses remarques liminaires, en soulignant que l’écart de rémunération entre femmes et hommes demeurent une manifestation bien visible d’inégalité. Elle estime que l’égalité de rémunération pour un travail de valeur égale est non seulement une question de justice et de droits, mais également un impératif économique. Mme Hendriks a rappelé les objectifs de développement durable 5 et 8 (égalité entre les sexes, travail décent et croissance économique), exhortant les participants à redoubler d’efforts pour combler d’ici 2030 l’écart de rémunération entre femmes et hommes, en particulier à l’approche du Sommet de l’avenir et de Beijing+30.

Ashley Bernhard, fondatrice et directrice générale de Haven Hill, et oratrice principale de l’événement, a souligné les progrès réalisés pour parvenir à la parité dans le montant des bourses accordées dans la discipline du squash professionnel. Elle a expliqué que la fusion des organes directeurs a permis d’améliorer sensiblement la situation, grâce à l’unification de la réglementation et à la collaboration avec les hommes. De ce fait, les organisateurs de tournois se sont vu obligés d’accorder le même montant en bourses. Cette approche a démontré que « une marée montante soulève tous les bateaux » : depuis que l’écart a été comblé, les revenus, les cotes d’audience et le montant des bourses sont en hausse. Mme Bernhard a souligné que, pour parvenir à l’égalité véritable dans le monde des sports, il faut non seulement l’égalité de rémunération pour un travail de valeur égale, mais également que les femmes soient traitées sur un pied d’égalité et bénéficient de la même visibilité et des mêmes possibilités d’accès aux postes de direction.

S’en est suivie une table ronde concernant un éventail de solutions possibles pour combler l’écart de rémunération entre les femmes et les hommes, des réformes législatives aux pratiques commerciales. Paddy Torsney, Observatrice permanente auprès des Nations Unies à l’Union interparlementaire, a évoqué des cas de réussite dans le monde, dont la certification en matière d’égalité de rémunération en Islande et la budgétisation sensible aux questions de genre au Rwanda. Emily M. Dickens, cheffe de cabinet, responsable des affaires publiques et secrétaire générale de SHRM, a parlé du rôle des ressources humaines à l’appui de l’élimination des écarts de rémunération, de la promotion de la transparence des salaires et des pratiques d’embauche inclusives. Stuart Appelbaum, président du syndicat américain RWDSU (Retail, Wholesale and Department Store Union) et président du comité international de l’AFL-CIO, a souligné le rôle historique des syndicats dans la lutte pour l’équité salariale entre hommes et femmes et la nécessité de s’attaquer à la question des bas salaires dans les secteurs féminisés. Il a insisté sur le fait que l’égalité salariale est essentielle, non pas simplement pour les femmes mais également pour une plus grande justice sociale et économique.

 Adina Sterling, professeure associée de gestion à l’Université Columbia a attiré l’attention sur les choix précoces en matière d’éducation et sur les cultures d’entreprise qui influent sur le parcours professionnel et contribuent au bout du compte à l’écart résiduel de rémunération entre hommes et femmes. Béatrice Maillé, conseillère juridique et ministre-conseillère à la mission permanente du Canada auprès des Nations Unies, a souligné que, pour combler l’écart de rémunération entre femmes et hommes, les différents groupes en présence doivent coopérer; elle a indiqué que la politique du Canada en matière d’équité salariale joue un rôle clé dans la transition vers l’égalité de rémunération pour un travail de valeur égale.

Dans ses remarques finales, Cynthia Samuel-Olonjuwon, représentante spéciale auprès des Nations Unies et directrice du Bureau de l’OIT pour les Nations Unies, a réitéré l’importance du droit à l’égalité de rémunération pour un travail de valeur égale, consacré dans la convention no 100 de l’OIT. Elle a mis en garde contre l’intelligence artificielle qui risque de creuser les inégalités entre les femmes et les hommes, et a appelé tous les acteurs à se mobiliser à l’approche d’échéances clés pour le monde, comme Beijing+30.

Dans l’ensemble, cette manifestation a révélé que, même si des progrès ont été réalisés, il reste encore beaucoup à faire pour combler l’écart de rémunération entre les femmes et les hommes, et qu’il faudra une action globale concertée de la part des gouvernements, des entreprises et de la société civile. L’EPIC, qui compte maintenant 64 membres, continue de servir de puissant catalyseur de cette mobilisation, en encourageant le partage des connaissances, les réformes législatives et le dialogue social.

Crédit photographique : ONU-Femmes/Ryan Brown